Embocagement à court terme des parcelles de culture

Figure 1 Embocagement de parcelles par des haies de Pois d’Angole


1 Description sommaire

L’embocagement à court terme est un dispositif installé en pourtour de parcelles servant à protéger et à améliorer les cultures à l’intérieur. Il peut être composé de matières inertes (branches d’arbre mort, surtout jujubier) ou de bandes végétales à durée limitée (d’où l’appellation à court terme), appelées aussi haies vives comme sur cette photo.
Les espèces les plus utilisées sont le Pois d’Angole et le Jatropha.

2 Où appliquer cette mesure ?

Autour de toutes les parcelles de culture, quelle que soit la nature du sol, et autour des parcelles de brachiaria ou de stylosanthès à protéger dans les pâturages.

3 Mise en place

Ce type d’embocagement se fait surtout autour des petites parcelles, par une bande de culture de largeur limitée (50 cm à 1 m), avec des espèces à pousse rapide et génératrices de revenus Pois d’Angole, Jatropha, Ricin, Moringa. Certains y plantent du sisal, qui après deux ans empêchera la divagation des animaux.
Le semis ou le bouturage se fait au début de la saison des pluies. Les plants sont installés en quinconce, avec un écartement de 50 cm à 1 m selon les objectifs de l’adoptant (production végétale maximum ou production de graines.
Il vaut mieux repiquer le Jatropha, car sinon son installation prend trop de temps si on le sème.
Les pourtours des jeunes plants devront être sarclés lors de leur installation la première année.

4 Avantages et bénéfices

Technique de protection des sols la plus demandée dans les 4 districts d’intervention du projet (Mahajanga II, Ambato Boeny, Marovoay Banlieue, Mitsinjo), les exploitants ont très vite compris l’intérêt de l’embocagement.
L’embocagement protège la parcelle contre la divagation des animaux, limite les ruissellements qui provoquent l’érosion des sols, améliore l’infiltration, peut servir de fourrage pour les animaux, donne du bois de chauffe, produit des graines comestibles ou commercialisables. Les haies vives servent aussi de brise-vent. Les feuilles et les tiges peuvent être utilisées comme engrais vert pour fertiliser les parcelles embocagées.
Pour éviter des attaques d’insectes ou des maladies spécifiques à une espèce, il est conseillé d’y mélanger les espèces cultivées. Un mélange de Pois d’Angole avec du Ricin, du Jatropha, du Moringa comme déjà réalisé dans certains embocagements réduit les maladies ou les attaques d’insectes spécifiques au Pois d’Angole.


5 Rapport Cout-Bénéfice 5/5 : 

D’après les paysans, cette technique a un rapport coût/bénéfice très intéressant. La technique ne demande que très peu de semences et peu d’investissement en temps. Les trous pour la plantation d’arbres peuvent se préparer pendant la période où la main s’œuvre est disponible (juillet à septembre).
En 2021, le coût de main d’œuvre a été évalué à 50.000 Ar pour installer 460 m d’embocagement, essentiellement en Pois d’Angole. Le coût de mise en place est donc de l’ordre de 100 Ar/ml.
Malgré les nombreux avantages de la technique, les bénéfices économiques correspondants sont difficiles à quantifier.

6 Effet de la mesure sur le sol

Matière organique et organismes vivants Eau Air Matières minérales
Source de matière organique et une réserve d’activité biologique.
Le fauchage des bandes permet de restituer de la matière organique dans les zones qui se situent entre les bandes et d’en améliorer la fertilité (engrais verts)
Améliore l’infiltration et bloque l’écoulement des eaux de surface ; Réduit l’érosion due au ruissellement. Au niveau de la bande végétale, l’aération est favorisée par l’activité biologique et la protection de la surface contre la battance. Les racines profondes du Pois d’Angole permettent un transfert vertical de fertilité en remontant des éléments minéraux disponibles en profondeur

7 Points de blocage possibles (raisons de non-adoption)

Le principal problème est un problème social. Les adoptants ne veulent pas entrer en conflit avec le voisinage qui a l’habitude de faire pâturer les zébus sur les résidus de récolte.
Pour les toutes petites parcelles, des adoptants trouvent que l’embocagement fait trop d’ombre pour les cultures.

8 Evaluation et points de débats entre paysans.

D’après les avis recueillis au cours des ateliers d’évaluation des techniques, les paysans adoptent la technique d’embocagement à court terme pour protéger leurs parcelles contre la divagation des zébus, ce qui ne peut s’obtenir qu’au bout de 2 ou 3 ans. Ils ont également signalé que le Sisal pouvait être installé en fin de saison des pluies.
Dans le District d’Ambato Boeny, les adoptants ont proposé d’embocager les parcelles avec un mélange d’espèces (Cajanus avec Jatropha, Moringa) pour éviter les attaques d’insectes ou les maladies spécifiques. L’intérêt de la culture du Moringa dans les embocagements pour les paysans est à la fois pour l’alimentation, et comme plante mellifère.
A noter que certains adoptants embocagent leurs parcelles avec des variétés pérennes de Manioc, dont ils ne récoltent que les feuilles.

8.1 Références

Il existe une version malgache d’un poster de présentation destiné aux animations avec les paysans, cf. ci-dessous. Ce poster est disponible auprès de l’Université de Mahajanga, sur le site www.soatany.org.